Résumé
Il y a déjà 20 ans, le décès de René Lévesque, le 1er novembre 1987, a bouleversé le Québec tout entier et créé un vide que le temps ne pourra jamais combler. Attendez que je me rappelle… une autobiographie à lire et à relire pour le plaisir de vivre et de revivre le récit de celui qui s’inscrit déjà dans notre histoire comme le plus grand Québécois.
René Lévesque
Après une fructueuse carrière dans les médias à titre de journaliste, de correspondant de guerre et de chroniqueur, René...
Après une fructueuse carrière dans les médias à titre de journaliste, de correspondant de guerre et de chroniqueur, René Lévesque a fait le saut en...
Après une fructueuse carrière dans les médias à titre de journaliste, de correspondant de guerre et de chroniqueur, René Lévesque a fait le saut en politique au début des années 60....
Après une fructueuse carrière dans les médias à titre de journaliste, de correspondant de guerre et de chroniqueur, René Lévesque a fait le saut en politique au début des années 60. Homme de convictions, il a fondé le Mouvement souveraineté-association en 1967, qui allait ensuite devenir le Parti québécois. Sa carrière politique s’échelonnant sur 25 ans, il a fait l’exercice du...
Après une fructueuse carrière dans les médias à titre de journaliste, de correspondant de guerre et de chroniqueur, René Lévesque a fait le saut en politique au début des années 60. Homme de convictions, il a fondé le Mouvement souveraineté-association en 1967, qui allait ensuite devenir le Parti québécois. Sa carrière...
Après une fructueuse carrière dans les médias à titre de journaliste, de correspondant de guerre et de chroniqueur, René Lévesque a fait le saut en politique au début des années 60. Homme de convictions, il a fondé le Mouvement souveraineté-association en 1967, qui allait ensuite devenir le Parti québécois. Sa carrière politique s’échelonnant sur 25 ans, il a fait l’exercice du pouvoir de...
« Différent, certes il l’était. Le voir comme un poète égaré en politique serait plus juste. Un anarchiste de tempérament qui se serait imposé, grâce à un esprit structuré et analytique, des règles personnelles par souci de justice et d’équité. En fait, je pense à lui comme à l’homme révolté de Camus, pour qui la morale confortable n’existait pas. Spontanément il se portait à la défense des démunis, et son action sociale visait essentiellement à réduire les inégalités sociales, surtout chez les enfants. »
— extrait de la présentation de corinne côté-Lévesque
( Chapitre 1)
Paris, le 17 octobre 1985
À peine une semaine que nous avons quitté, et déjà j’achève d’oublier. C’est ainsi depuis toujours. Dès le décollage ou la frontière, tout s’efface automatiquement.
Je dis bien: tout, pas tous ni toutes. Au contraire, celle-ci, celui-là, quelqu’un ou quelque chose ne cesse de me les rappeler. Ensemble, ils formaient la dernière équipe. Petite, mais les vraies ne sont jamais pléthoriques. Petite, mais chaude et tricotée serrée, avec ses mots de passe et une superbe indiscipline. Une équipe où chacun était encore capable après des années de ne penser à soi-même qu’en dernier lieu. Une dizaine peut-être sur la glace de plus en plus pourrie du « bunker ». Et d’autres sur le banc, dans tel ministère, ou encore à Montréal et dans divers coins du pays. Mobilisables comme au début, ou presque. Pendant quelque temps au moins, ce sera dur de ne plus les voir.
Cela également, c’est ainsi depuis toujours. Depuis qu’à quatorze ans je perdais ma première gang en partant de la Gaspésie… Ces poignées de mains qu’on voudrait prolonger, puisque chacune se termine par une sorte de déchirure sournoise. On a beau dire: ce n’est qu’un au revoir, on sait très bien que la vie aura tôt fait de nous éloigner en nous dispersant. Par-dessus le marché, j’ai cette fois un vague sentiment, parfaitement absurde, de culpabilité, comme le capitaine abandonnant son navire et laissant derrière lui, sur le pont qui s’enfonce, ce dernier noyau sans faille de l’équipage…
Mais le reste, pfft, envolé! À commencer par Québec. Le sinistre troisième de l’édifice J, où je lègue volontiers à quiconque les tiroirs pleins de trombones et tout truffés de boutons de commande que j’avais hérités de Bourassa. Avec les moulins à mémérages qui tournent sans fin de la Grande Allée à l’Aquarium. Et les journalistes de la tribune parlementaire qui s’y nourrissent en les alimentant.
(…) Une semaine déjà. L’avion partait plus tard que d’habitude, ce soir-là. À l’ouest, le ciel n’avait plus pour se réchauffer qu’une maigre écharpe d’un mauve qui tournait au noir, tandis que l’est achevait de se noyer dans la nuit. Donc, Québec, nous ne l’aurons même pas vu.
Et maintenant, plus de télé ni de journal pour y faire penser. Rien que l’Europe jusqu’à nouvel ordre. Mais comme c’est pareil au fond, derrière les façades!
Octobre 85. Ici aussi l’opposition triomphe d’avance, les sondages la mettant à des années-lumière devant le gouvernement. En dépit de ce congrès où les socialistes viennent d’éviter le pire en colmatant, une fois encore, la brèche-Rocard: « On a besoin de toi, Michel, de proclamer Fabius Imperator, comme de toi, Lionel, et aussi de toi, Pierre! » Ou je me trompe fort ou j’ai vu et entendu tout ça il n’y a pas si longtemps…
Qu’importe. Il fait soleil à Paris comme il en a fait partout. Sur le trottoir d’en face, les respectueuses - rajeunies depuis l’autre année, c’est la relève - sont au poste et ça négocie ferme. Le métro est toujours incomparable, et les taxis, introuvables. Il y a presque dix ans que je n’avais plus le droit, ou en tout cas plus l’occasion, de les pratiquer à ma guise. Ni de refaire connaissance avec cette ville merveilleusement face-à-claques:
-Ah bon, ce sont des douces que vous voulez, rebroue-t-elle au drugstore. Il fallait le dire.