Résumé
Le film d’animation Le fleuve aux grandes eaux a remporté de nombreuses récompenses internationales depuis sa sortie en 1993. Grâce à la sensibilité artistique de Frédéric Back et à la rigueur de l’information scientifique vulgarisée par Claude Villeneuve, le présent ouvrage poursuit admirablement la démarche entreprise dans le film. Le fleuve aux grandes eaux est un hommage à tous les grands fleuves du monde, un outil indispensable pour mieux comprendre et préserver le Saint-Laurent.
Frédéric Back
Claude Villeneuve
Né à Chicoutimi en 1954, Claude Villeneuve est biologiste. Intéressé par l’enseignement et la vulgarisation dès le début...
Né à Chicoutimi en 1954, Claude Villeneuve est biologiste. Intéressé par l’enseignement et la vulgarisation dès le début de sa carrière, il a partagé...
Né à Chicoutimi en 1954, Claude Villeneuve est biologiste. Intéressé par l’enseignement et la vulgarisation dès le début de sa carrière, il a partagé sa passion de l’écologie...
Né à Chicoutimi en 1954, Claude Villeneuve est biologiste. Intéressé par l’enseignement et la vulgarisation dès le début de sa carrière, il a partagé sa passion de l’écologie avec des étudiants au cégep et à l’université. En 1993-1994, il a dirigé l’Institut ECCO-Conseil de Strasbourg, où il agit toujours à titre de formateur malgré ses diverses occupations comme...
Né à Chicoutimi en 1954, Claude Villeneuve est biologiste. Intéressé par l’enseignement et la vulgarisation dès le début de sa carrière, il a partagé sa passion de l’écologie avec des étudiants au cégep et à l’université. En 1993-1994, il a dirigé l’Institut ECCO-Conseil de Strasbourg, où il agit toujours à titre...
Né à Chicoutimi en 1954, Claude Villeneuve est biologiste. Intéressé par l’enseignement et la vulgarisation dès le début de sa carrière, il a partagé sa passion de l’écologie avec des étudiants au cégep et à l’université. En 1993-1994, il a dirigé l’Institut ECCO-Conseil de Strasbourg, où il agit toujours à titre de formateur malgré ses diverses occupations comme président de...
Des fleuves et des hommes
Puissantes manifestations du cycle de l’eau, les fleuves ont, de tout temps exercé une fascination pour les hommes. Chantés par les poètes depuis la plus haute antiquité, c’est sur leurs rives que se sont développées les premières civilisations.
Ils ont été tour à tour source d’eau, de nourriture, de transport et de communications, source d’espoir et symboles de divinités bienveillantes. Dans leurs sources naissaient nymphes et naïades, leurs crues déposaient les limons fertiles. Leur mariage avec la mer dans les estuaires engendrait les poissons et les pêches miraculeuses. C’est à partir d’un port fluvial qu’on pouvait espérer l’océan et les voyages vers des contrées lointaines et c’est à travers la remontée du fleuve que la découverte du continent devenait possible.
Les fleuves comprennent les écosystèmes les plus complexes et les plus variés de la planète. On y retrouve le lieu de la synthèse entre les écosystèmes terrestres de tout le bassin versant qui les alimente et les masses océaniques dans lesquelles ils se déversent.
Parmi les fleuves, il y a ceux, comme le Rhin et le Rhone qui naissent des montagnes où persistent des glaciers. Ceux qui comme le Nil ou l’Euphrate sont alimentés par des pluies abondantes à leur source et traversent ensuite des contrées désertiques où ils dispensent leurs bienfaits. Ceux, qui comme l’Amazone ou le Congo drainent des forêts pluvieuses à l’échelle d’un continent. Ceux enfin qui, comme le Mississipi rassemblent les eaux d’un bassin de centaines de milliers de kilomètres en roulant tranquillement leurs eaux. Chaque fleuve possède son caractère propre, mais aucun n’est à la fois aussi changeant et majestueux que le Saint-Laurent.
Fleuve nordique, le Saint-Laurent draine un bassin versant de 1 025 000 kilomètres carrés incluant cinq des plus grands lacs au monde. Il prend ses sources à plus de 4000 kilomètres à l’intérieur des terres et mesure plus de cent cinquante kilomètres de largeur à son embouchure.
Il y a moins de 20 000 ans, l’ensemble de son bassin hydrographique était recouvert par des glaciers. La fonte de ces glaciers a laissé des dizaines de milliers de lacs sur le socle précambrien du bouclier canadien. Ces lacs contribuent à régulariser son débit année après année. Il coule de l’ouest vers l’est, par moments rapide, parfois paresseux et rencontre la mer dans le plus grand estuaire au monde, se terminant dans un Golfe colossal, l’une des zones maritimes les plus productives de la planète.
Les rapports de l’homme et du Saint-Laurent sont récents… Il y a moins de quatre mille ans que les Amérindiens ont commencé à utiliser ses eaux de façon régulière. Les premiers européens en ont fréquenté le Golfe et l’estuaire pendant deux ou trois siècles avant que Jacques Cartier n’en prenne possession en 1534 au nom de François Premier, roi de France.
Grand fleuve parmi les grands fleuves, le Saint-Laurent n’est ni le plus long, ni le plus imposant, ni le plus peuplé, ni le plus vieux des fleuves du monde. Toutefois, par ses paysages grandioses, par sa faune riche et diversifiée et par son histoire, il est exemplaire. C’est pourquoi il convient de l’explorer par ses aspects géographiques, écologiques et historiques afin d’en tirer les leçons qui s’imposent.
Les grands fleuves nous posent maintenant la question de la responsabilité de l’homme envers les systèmes naturels. Nul en amont ne peut se dissocier de ce qui se passe en aval, que ce soit dans le temps ou dans l’espace. Les fleuves nous dépassent et nous unissent. De générations à générations, de peuples à peuples, ils transportent l’histoire de nos désirs, de nos rêves et de nos folies. Les erreurs commises hier nous coûtent cher aujourd’hui et les fleuves nous apprennent que nous ne pouvons pas impunément mépriser notre environnement. Si nous n’écoutons pas leur message, les fleuves qui pendant notre histoire ont assuré au sein de leurs eaux la vie de nos ancêtres porteront en elles la mort de nos enfants..
Le Saint-Laurent, dans l’histoire que nous allons vous raconter, a dispensé ses richesses à des générations d’humains qui, sans se préoccuper de la générosité de la nature l’ont exploité, harnaché, navigué, pollué de façon telle qu’il est aujourd’hui appauvri et blessé. Comment pourra-t-il dans le futur répondre aux besoins de ceux qui nous suivront?
Ce livre se veut un hommage, non seulement au Saint-Laurent, mais à tous les grands fleuves du monde. Ce que nous vous raconterons sur l’histoire de la terre et des glaciations, des écosystèmes et de leur exploitation par l’homme, c’est aussi l’histoire de la planète. L’inconscience avec laquelle on a détruit les animaux marins, les forêts, les poissons pour satisfaire l’appétit des marchés, c’est la même qui pousse aujourd’hui à réduire la forêt tropicale à un souvenir. Sachons saluer le courage de tous ceux et celles qui demandent grâce pour la nature. Mais sachons aussi reconnaître que l’humain doit satisfaire ses besoins en utilisant la générosité des systèmes naturels. Notre espèce est donc totalement dépendante de cette planète qu’elle s’entête à vouloir dominer et soumettre.
Saurons-nous entendre le message des grands fleuves et conclure avec eux et avec les systèmes écologiques une nouvelle alliance pour le mieux-être de nos enfants?