Résumé
C’est lorsque la maladie frappe qu’on réalise la fugacité de l’existence. Si Jules souffrait d’une horloge biologique détraquée dans Garage Molinari, cette fois, c’est tout son organisme qui refuse de rentrer dans le carcan étouffant d’un monde qui a perdu le sens des valeurs. Ce n’est qu’à force d’amour et de cures de beauté qu’il parviendra à refaire surface entouré de Joëlle et de Jérôme qui veillent au grain et qui s’efforcent, avec leurs amis, de remettre à l’avant-plan les choses essentielles de la vie.
Jean-François Beauchemin
À mon tour je me suis penché sur mon frère avec ce truc dans l’oreille pour écouter le contenu de Jules. Je suis resté pendant une ou deux minutes à écouter, là-dedans vous entendiez une chanson remplie de notes nostalgiques, c’était terrible de tristesse. Ensuite j’ai demandé Qu’est-ce que c’est ? On dirait un oiseau. Le docteur M’Bélélé a traversé doucement de mon côté du lit, il a posé sa main sur mon épaule puis il a répondu Vous avez raison, c’est un oiseau, vraiment. Une tourterelle triste, en fait. Pour tout vous dire, ce volatile est enfermé dans l’abdomen de votre frère. Vraiment.
Ensuite Joëlle est restée courageuse puis elle a commencé à dire à Jules des choses minuscules malgré l’inquiétude qui lui dessinait des ombres dessous ses jolis yeux. Ce matin, le vent est si doux que lorsqu’il vous frôle on dirait la main de quelqu’un qui vous veut du bien, disait-elle par exemple, en caressant la joue de mon frère. Quand on entendait ces choses, ça faisait une petite mélodie aérienne dans la chambre, on avait peine à croire que les oiseaux puissent rendre malade le corps des gens, et pourtant mon frère était étendu entre les draps avec sa fièvre et une tourterelle dans le ventre.