Résumé
Julien, en deuil de Florence, se jure que jamais il ne retombera dans le piège des femmes. Mais voilà : à 26 ans, on a souvent tendance à surestimer ses forces…
«Écoute, on oublie ça, excuse-moi, c’est pas correct… j’aurais pas dû te courir après.»
Je déconne complètement, dans deux secondes, je vais carrément m’excuser de m’être fait voler. Pour un gars qui a renoncé aux filles, je trouve que je m’accroche drôlement. […] Le côté transpercé par un point fulgurant, je trottine de peine et de misère derrière elle, comme un petit poucet qui cherche à rattraper son père.
«— Au fond, dis-je, c’était peut-être une façon d’engager la conversation.
— Va chier crotté!»
Je m’arrête. Pas elle. Une femme qui s’éloigne, c’est horriblement beau. Je le sais, j’en ai connu toute une panoplie comme ça.
• L’Avaleur de sable : des personnages qui ont cette façon particulière d’entrer dans un temple, de chasser les vendeurs en culbutant les tables et de s’y installer comme de grandes lumières envoyées du ciel.
• L’Avaleur de sable : une utilisation moderne et visuelle de la langue, un sens aigu de l’humour, de la métaphore et du rythme.
• L’Avaleur de sable : la révélation de l’année, un roman que le Québec tout entier n’est pas prêt d’oublier!
Stéphane Bourguignon
Scénariste de formation, Stéphane Bourguignon a œuvré une dizaine d’années dans le milieu de l’humour à titre...
Scénariste de formation, Stéphane Bourguignon a œuvré une dizaine d’années dans le milieu de l’humour à titre d’auteur et a publié, chez Québec...
Scénariste de formation, Stéphane Bourguignon a œuvré une dizaine d’années dans le milieu de l’humour à titre d’auteur et a publié, chez Québec Amérique, des romans qui...
Scénariste de formation, Stéphane Bourguignon a œuvré une dizaine d’années dans le milieu de l’humour à titre d’auteur et a publié, chez Québec Amérique, des romans qui continuent de connaître un grand succès: L’Avaleur de sable, Le Principe du geyser, Un peu de fatigue et Sonde ton cœur, Laurie Rivers. Il est également l’auteur de la télésérie la Vie la vie,...
Scénariste de formation, Stéphane Bourguignon a œuvré une dizaine d’années dans le milieu de l’humour à titre d’auteur et a publié, chez Québec Amérique, des romans qui continuent de connaître un grand succès: L’Avaleur de sable, Le Principe du geyser, Un peu de fatigue et Sonde ton cœur, Laurie Rivers. Il est...
Scénariste de formation, Stéphane Bourguignon a œuvré une dizaine d’années dans le milieu de l’humour à titre d’auteur et a publié, chez Québec Amérique, des romans qui continuent de connaître un grand succès: L’Avaleur de sable, Le Principe du geyser, Un peu de fatigue et Sonde ton cœur, Laurie Rivers. Il est également l’auteur de la télésérie la Vie la vie, récompensée à deux...
Pour Thérèse.
Et pour la petite bête
qui a vu le jour cette année.
Merci à François Avard
pour l’intérêt constant
et à Dominique Blanc
pour l’objectivité.
Le bonheur ça n’est pas grand-chose,
c’est du chagrin qui se repose
Léo Ferré
Chapitre 1
C’est vrai que depuis le départ de Florence je n’ai pas fait grand-chose, c’est vrai que je n’ai pas remué le petit doigt plus souvent qu’il le faut. Par contre, aujourd’hui, c’est fini tout ça, je le jure, bien fini. D’ailleurs, ce soir c’était une exception, rien à voir avec elle, je voulais juste quelques heures à moi, une simple poignée de minutes, un minable grain dans le grand sablier de l’éternité. Ce n’était pas beaucoup demander.
Rosemary’s Baby repassait à la télé et il restait suffisamment de bières dans le Frigidaire pour me catapulter gentiment dans les bras de Morphée. Seulement, je n’avais pas débouché ma première canette que Pierrot débarquait dans la chambre en gueulant que huit mois c’était suffisant, qu’il n’allait pas m’endurer avec cette tête une seconde de plus, que le temps était venu de me grouiller le cul. J’ai maugréé jusqu’à la salle de bain, coupé ma barbe de deux cent quarante jours et enfilé un t-shirt propre. Il m’attendait sur le trottoir, je n’ai pas osé lui demander où nous allions, je me suis «grouillé le cul».
— Je vais aller nous chercher des bières, dit-il en débarquant de son tabouret.
— Ouan, t’es aussi bien.
Je lance un regard désabusé autour de moi, histoire d’évaluer l’évolution de l’humanité durant ma léthargie.
Finalement, je n’ai pas manqué grand-chose, on en est encore aux vêtements pastel et aux chevelures pétrifiées dans le gel. D’ailleurs, l’exemple parfait, c’est sûrement ce rouquin qui sautille lourdement sur la piste de danse. On dirait une sorte de grosse machine à conneries programmée pour écœurer. Surtout les filles, je dirais. Bien entendu, il n’a pas choisi la plus laide: elle a un corps superbe, qu’elle fait bouger avec tant de sensibilité qu’on peut voir des petites notes de musique lui sortir des pores. Et ça palpite là-dedans comme un cœur de lionne quand la gazelle agonise sous sa patte. Bref, une sorte de message des dieux signifiant que tout n’est pas tout à fait pourri sur cette planète.
Malheureusement, l’autre ne la quitte pas d’une semelle. Mettez-lui une jupe de paille, enfoncez-lui un os dans le nez et on jurerait un cannibale affamé qui danse autour d’une marmite.
Pierrot réapparaît avec deux bières. Il les dépose sur la petite tablette derrière nous:
— C’est un deux pour un sur les importées.
On comprend pourquoi dès la première gorgée. S’ils les exportent, c’est probablement parce que personne n’en boit dans le pays d’origine.
— Y a pas un chat qu’on connaît, me dit-il. J’ai fait le tour pour être sûr, mais non…
C’est pas surprenant, on ne connaît que Bill et Paule. Bill aime bien les endroits où la musique vous empêche de discuter, comme ça il peut cogiter à souhait, mais Paule n’aime pas tellement quand Bill cogite, alors depuis qu’ils sont ensemble, on ne les a jamais revus ici. Pour consoler Pierrot, je lui montre le gros roux du doigt. Je sais qu’il aime bien, de temps à autre, assister à la floraison du ridicule.
— Ça fait combien de temps qu’il lui tourne autour?
— Deux ou trois minutes.
Sa danse, déjà douteuse, a maintenant dégénéré en une sorte de délirium tremens. Il se secoue de gauche à droite, se trémousse de bas en haut et, chaque fois que la baguette du batteur s’abat sur la cymbale, c’est comme si la foudre le frappait en plein cul. Je me demande s’il va pouvoir s’arrêter de lui-même ou s’il va falloir procéder à un exorcisme.
— La fille, est-ce qu’elle est toute seule?
— Oui, Pierrot… comme tout le monde…
— Y commence à me faire chier ce gars-là.
Pierrot a peut-être l’esprit tordu comme un bretzel, mais son âme est noble et juste: il peut dévaliser une banque et, en s’enfuyant, faire traverser la rue à une vieille dame.
La fille quitte le plancher de danse. Ça me semble être une question de survie. Quoique, au fond, le rouquin ne l’a pas touchée, tout ce qu’il a fait, c’est la danse de la pluie autour. Un peu de harcèlement psychologique, histoire de tenir la forme.
Elle s’avance vers moi, le regard sombre et la mâchoire serrée. J’ai l’impression qu’elle sait que je n’ai pas réussi à la quitter des yeux et l’impression aussi que je vais payer pour toutes les créatures de la terre qui se promènent avec un pendentif entre les jambes. Elle s’installe en amazone sur le tabouret immédiatement à ma gauche. Sa bière était déjà là, ça élimine tout de suite un bon paquet d’hypothèses.
Mais voilà que le gros déficient vient vers elle. Mine de rien, Pierrot et moi virons d’un quart de tour sur nos sièges.