Résumé
Revenue à Montréal après un long séjour en France et en Suisse, Eva écrit une lettre à Gunther, son amant et mari de Marthe. Durant quelques mois, Eva a loué une chambre dans la maison de Marthe et Gunther, à Lungern, en Suisse. C’est là qu’elle les a connus et aimés. Des « espaces secrets » se dévoilent tout au long du récit qu’elle fait à Gunther de son enfance mystique, de sa sœur morte qu’elle porte en elle depuis toujours, de l’amour incestueux qu’elle a vécu avec son frère, de son désir pour lui et pour Marthe, de sa difficulté à vivre en tant qu’elle-même, sans son double. En même temps, elle lui donne à lire certains passages du Livre de Caïn, qui l’a habité pendant plusieurs années et dont elle a terminé la rédaction.
Francine Prévost
Détentrice d’un doctorat en philosophie de l’Université de Montréal et d’un baccalauréat en cinéma de l’Université...
Détentrice d’un doctorat en philosophie de l’Université de Montréal et d’un baccalauréat en cinéma de l’Université Concordia, Francine Prévost...
Détentrice d’un doctorat en philosophie de l’Université de Montréal et d’un baccalauréat en cinéma de l’Université Concordia, Francine Prévost est professeure de cinéma au...
Détentrice d’un doctorat en philosophie de l’Université de Montréal et d’un baccalauréat en cinéma de l’Université Concordia, Francine Prévost est professeure de cinéma au Collège Marie-Victorin. Elle a travaillé à la pige à l’Office national du film de 1982 à 1987, période au cours de laquelle elle a réalisé deux films. Elle a collaboré à de nombreuses publications du...
Détentrice d’un doctorat en philosophie de l’Université de Montréal et d’un baccalauréat en cinéma de l’Université Concordia, Francine Prévost est professeure de cinéma au Collège Marie-Victorin. Elle a travaillé à la pige à l’Office national du film de 1982 à 1987, période au cours de laquelle elle a réalisé...
Détentrice d’un doctorat en philosophie de l’Université de Montréal et d’un baccalauréat en cinéma de l’Université Concordia, Francine Prévost est professeure de cinéma au Collège Marie-Victorin. Elle a travaillé à la pige à l’Office national du film de 1982 à 1987, période au cours de laquelle elle a réalisé deux films. Elle a collaboré à de nombreuses publications du milieu du...
Je t’ai déjà dit, Gunther, que je connus la méchanceté. Pardonne-moi cette façon de dire, mais ce fut là, dans tes bras, qu’elle refit surface, près de ton corps que je sentais vibrer. Je ne sais comment te parler de cette méchanceté. Elle était à ce moment-là liée à mon désir pour toi et à l’impossibilité d’y accéder, Marthe et l’enfant constituant un obstacle infranchissable. Mais voilà que tu venais de me montrer ton désir. À partir de cet instant, Marthe, que j’aimais tant, ne compta plus pour moi. Je fus insensible à sa douleur et me demandai plutôt comment retrouver ton étreinte. Moi qui n’étais rien, voilà que je venais d’acquérir le droit d’être. Ton désir me mettait au monde, me donnait un corps, un lieu d’appartenance. Il me forgeait une nouvelle identité.
Au lieu d’amoindrir ce qui s’était passé, toute la nuit je me laissai glisser vers une passion sans bornes pour l’homme de la montagne que tu représentais à mes yeux.
Au coeur de la Suisse, ce soir-là, je suis venue à l’existence. Je me promis de t’appartenir, totalement, passionnément.
Entrer consciemment dans la passion est toujours un passage aveugle où l’être humain se détache de lui-même et se multiplie en autant de fragments qu’il emprunte de désirs. J’avais l’impression d’être dans l’absolu du désir.