Résumé
Au début, ils sont trois : une recherchiste qui cherche l’homme nouveau sans trop y croire, un écrivain en panne affligé d’impuissance chronique, et une fillette brillante que l’astronomie passionne. Ils ne se connaissent pas, ils évoluent chacun dans leur petit univers tourmenté en essayant, le plus possible, de rescaper de l’existence des débris de bonheur. Survient dans leur vie Marie-Pierre la transsexuelle. Rien ne sera plus jamais pareil une fois que Marie-Pierre, en catimini, leur aura légué cette interrogation brûlante : au-delà des apparentes protubérances, qu’est-ce qui fait donc que l’on est un Homme ou une Femme?…
Déjà un classique de notre littérature, le Sexe des étoiles a été porté au grand écran sous la direction de Paule Baillargeon. Film d’ouverture du 17e Festival des films du monde de Montréal, le scénario et les dialogues sont de Monique Proulx.
Monique Proulx
Monique Proulx écrit des romans, des nouvelles et des scénarios pour le cinéma. Dans ces trois domaines, son travail a été...
Monique Proulx écrit des romans, des nouvelles et des scénarios pour le cinéma. Dans ces trois domaines, son travail a été unanimement salué par la...
Monique Proulx écrit des romans, des nouvelles et des scénarios pour le cinéma. Dans ces trois domaines, son travail a été unanimement salué par la critique et fort chaleureusement...
Monique Proulx écrit des romans, des nouvelles et des scénarios pour le cinéma. Dans ces trois domaines, son travail a été unanimement salué par la critique et fort chaleureusement accueilli par le public. Ses deux romans, Le Sexe des étoiles et Homme invisible à la fenêtre ont tous deux été adaptés pour le cinéma.
Monique Proulx écrit des romans, des nouvelles et des scénarios pour le cinéma. Dans ces trois domaines, son travail a été unanimement salué par la critique et fort chaleureusement accueilli par le public. Ses deux romans, Le Sexe des étoiles et Homme invisible à la fenêtre ont tous deux été adaptés pour le cinéma.
Monique Proulx écrit des romans, des nouvelles et des scénarios pour le cinéma. Dans ces trois domaines, son travail a été unanimement salué par la critique et fort chaleureusement accueilli par le public. Ses deux romans, Le Sexe des étoiles et Homme invisible à la fenêtre ont tous deux été adaptés pour le cinéma.
Chapitre 1
Voilà donc ce que l’on ressentait à faire souffrir les autres : une sorte d’ennui, somme toute confortable, composé de torpeur, de morosité et d’un gringalet fantôme de culpabilité - la culpabilité de n’en point éprouver, en fait -, mixture finalement bénigne qui n’empêchait pas Gaby d’apprécier la densité ocre de la lumière de ce midi d’automne, ni son estomac de borborygmer d’inanition, hélas.
Les choses se passaient mal.
Ils étaient attablés tous deux près de la fenêtre de la cuisine - quoique «attablé», en ce qui concernait René, constituât un euphémisme plus que douteux, écrasé lui-même qu’il était, comme énucléé de sa propre colonne vertébrale… - et René sanglotait. Cela provenait vraisemblablement d’un de ses lobules pulmonaires, écorchait au passage son diaphragme ratatiné sous l’effort, remontait par saccades asthmatiques le long de sa trachée-artère et explosait enfin, geysers intarissables et gargouillants, par maintes ouvertures de sa tête; cela durait depuis des heures et cela avait perdu, il faut bien le dire, de son initiale aptitude à émouvoir.
Gaby se contraignait néanmoins à ressentir quelques frémissements navrés ou, du moins, à en donner l’apparence. Après tout, elle avait longtemps aimé cet homme, avec une démesure névrotique qu’il ne lui avait jamais rendue, d’ailleurs, mais tant pis, le temps n’était plus à la plate comptabilité. Le temps était à la rupture, unilatéralement décrétée par Gaby, ce qui en compliquait le processus, même amorcé depuis un mois.
Et puis il y avait le fromage, troisième protagoniste non négligeable dans la cuisine, un gorgonzola parfaitement à point, nappé d’une humidité bleuâtre, moirée, odorante. Cette fermentation bactérienne voisinait en toute amitié sur la table avec un pain croûté que Gaby avait préalablement découpé en tranches dans l’espoir d’accommoder celui-ci avec l’autre, et vice-versa. Or, la chose, pour simple qu’elle parût, se montrait difficilement réalisable. On ne mange pas à côté de quelqu’un qui pleure : ça n’est guère poli, et c’est très certainement monstrueux. Et tandis que René, allégorie vivante de l’ontologique détresse humaine, se convulsait dans un désespoir sans borne, Gaby, elle, lançait des regards désolés au gorgonzola et se haïssait d’avoir faim - mais que peut-on contre la viscère lorsqu’elle est vide, et que Tantale était un pauvre homme.