Résumé
Mathilde porte une jolie robe bleue, elle a un sacré caractère et des oreilles si grandes qu’elle se trouve désastreusement moche. Pour apaiser son tourment, ses parents lui proposent d’adopter un animal de compagnie. Contre toute attente, Mathilde optera pour un serpent. Cet ami interminable, silencieux et un peu mystérieux deviendra vite son confident le plus sûr. Mieux encore, il renouvellera son regard sur le monde et lui fera découvrir une chose importante : la liberté. C’est-à-dire le contraire de la tyrannie. La tyrannie de l’apparence physique, bien sûr, mais aussi celle de la vieillesse, de l’attachement, du corps et de quelques autres choses encore. Cette histoire est avant tout un éloge de l’amitié, source de réconfort, de joies nombreuses et, parfois même, de redécouverte de soi.
Jean-François Beauchemin
Marie-Danielle Leblanc, © Sodart
Accroupie sur la berge, j’ai regardé longtemps mon reflet dans l’eau fuyante. Était-ce encore moi, cette fillette aux traits étranges? Ou alors les années m’étaient-elles déjà passées dessus ? Le temps, comme chez tous les vieillards, m’avait-il donc déjà allongé au passage non seulement les oreilles, mais aussi le nez ? Était-ce lui, le temps, qui avait tiré vers le bas sur mes paupières et sur mes joues, déposé sur mes cheveux tout ce gris ? Mais peut-être aussi la Louve elle-même se jouait-elle de moi, entremêlant ma propre jeunesse et ma vieillesse à venir dans ses rides fines, sur le dos de ses vaguelettes argentées. À portée de main, une vieille carpe m’observait.