Résumé
Jean-François Beauchemin est emprisonné pour un crime grave, qui nous sera révélé… en temps et lieu. Voyant sa fin arriver avec la peine capitale qui l’attend, il ressent le besoin de mettre par écrit ses pensées, ses réflexions sur la vie et sur son histoire d’amour avec Manon. Il nous fait part de ses considérations sur la spiritualité et la religion, traite de la maladie qui l’a frappé et du deuil qu’il a dû faire de ses parents. Avec le ton intimiste qu’on lui connaît et qui nous ravit, Jean-François Beauchemin pose une pierre de plus dans l’édifice de son œuvre réflexive, poursuivant sa quête de compréhension du genre humain.
Jean-François Beauchemin
J’ai demandé qu’on m’apporte ce qu’il faut pour écrire parce que je n’ai ici quasiment personne à qui parler, et qu’à la longue cela me fait souffrir. Ce n’est pas que la compagnie des hommes me manque tant : la plupart n’écoutent guère, et je sais que le peu de paroles que j’ai exprimées pour ma défense s’accorde mal avec leur bavardage lassant. Ils adorent leur pensée. Ils s’appuient sur ce faible rempart. Ils s’imaginent qu’il est simple de juger un homme. Mais j’ai encore besoin de sentir que nous ne sommes au fond pas si différents, et que nous partageons, même de loin, une certaine idée de l’avenir du monde. Surtout, il me reste quelques mots à dire à quelqu’un que je ne reverrai plus et qui a compté dans ma vie plus que les autres.