Résumé
C’est en songeant à la joie que j’éprouve lorsque je me retourne et que j’aperçois les quelques grandes constructions inébranlables de mon passé que j’ai écrit ce livre, qui n’est ni roman ni poésie, ni essai, ni journal ou récit autobiographique, mais, puisque les animaux y sont si présents, une sorte de bestiaire de la mémoire. On devrait cesser de répéter partout quʼil ne fait pas bon regarder en arrière, qu'il est impératif d’aller de l’avant, dʼavancer, toujours avancer. Je vais le dire carrément : je me suis tout de suite senti plus heureux quand jʼai commencé à aimer mon passé, à le fréquenter puis à sans cesse mʼy référer. […] C’est au fond ce que retracent les pages que voici. Une trajectoire, la courbe décrite par un objet en mouvement, une pierre lancée dans les vitres du temps et de la durée comme pour en laisser sortir quelque chose. Quoi au juste? Peut-être une certaine façon oubliée de voir le monde, et que les animaux, précisément, ont cherché à me remémorer.