Résumé
Quels verbes sont essentiels si on veut explorer à fond celui de vivre ? Il n’y avait que Marie Laberge pour avoir l’audace de poser la question et oser chercher dans l’action du verbe la définition de l’intensité.
Avec cet essai original qui marque ses quarante ans d’écriture, la romancière expose ce qui lui semble indispensable pour amener le verbe — et la vie — à son sommet. Elle analyse ce qui fait de chacun de nous les vivants que nous sommes, contradictions et harmonies incluses. Elle ne se contente pas de disserter, elle fouille les verbes à fond et elle se mouille en passant en revue la place que chacun d’entre eux prend dans sa vie personnelle. Quiconque a lu et aimé les romans de Marie Laberge y trouvera des clés pour mieux comprendre son univers intérieur si riche.
Jamais moralisatrices, d’une honnêteté réjouissante, ces réflexions à la fois sensées, justes et percutantes apportent un éclairage inusité sur cette écrivaine de fiction qui réussit à aborder ce nouveau genre sans pour autant perdre sa verve et son humour.
Marie Laberge
L’écrivaine, auteure dramatique, comédienne et metteur en scène Marie Laberge a créé au fil des années une œuvre riche...
L’écrivaine, auteure dramatique, comédienne et metteur en scène Marie Laberge a créé au fil des années une œuvre riche en émotions, caractérisée...
L’écrivaine, auteure dramatique, comédienne et metteur en scène Marie Laberge a créé au fil des années une œuvre riche en émotions, caractérisée par sa fine analyse du tourment...
L’écrivaine, auteure dramatique, comédienne et metteur en scène Marie Laberge a créé au fil des années une œuvre riche en émotions, caractérisée par sa fine analyse du tourment affectif. Lus à travers la francophonie, ses livres connaissent un succès international tout en s’ancrant solidement dans la réalité et l’histoire du Québec. De la saga familiale à l’intrigue...
L’écrivaine, auteure dramatique, comédienne et metteur en scène Marie Laberge a créé au fil des années une œuvre riche en émotions, caractérisée par sa fine analyse du tourment affectif. Lus à travers la francophonie, ses livres connaissent un succès international tout en s’ancrant solidement dans la réalité et...
L’écrivaine, auteure dramatique, comédienne et metteur en scène Marie Laberge a créé au fil des années une œuvre riche en émotions, caractérisée par sa fine analyse du tourment affectif. Lus à travers la francophonie, ses livres connaissent un succès international tout en s’ancrant solidement dans la réalité et l’histoire du Québec. De la saga familiale à l’intrigue policière,...
Exprimer
Voilà un verbe bien dodu. Un verbe titanesque.
Il contient tant d’autres verbes qu’il donne le
vertige.
Exprimer, c’est dire, danser, peindre, jouer,
composer, réaliser, écrire, grimacer, crier, rire,
pleurer, exploser, hurler. Exprimer, c’est se dire
aussi, faire connaître, informer, sensibiliser,
toucher, atteindre l’autre. Et, du coup, ça rappelle
le contraire : taire, se renfermer, s’éloigner,
renoncer, garder, cacher, dissimuler.
Ce verbe contient un « ex » qui indique une
direction : il va vers le dehors, l’extérieur, ce verbe
court vers l’autre. Freud a acquis ses lettres de
noblesse avec ce verbe : quand le patient réussit
à sortir de lui le traumatisme grâce au véhicule
des mots, la guérison s’amorce.
Prendre en soi et l’amener hors de soi. Cracher
le morceau. Extirper ce qui est tapi au-dedans et
le transmettre au-dehors. Extérioriser. Expulser.
On peut exprimer une panoplie de concepts
et d’émotions, l’essentiel est que cela transite
par soi, son intérieur.
Pour ce verbe, l’image la plus percutante qui
me vient à l’esprit est celle d’une éponge, et c’est
l’image même du créateur à mes yeux. On place
une éponge dans un environnement et celle-ci
absorbe avec une avidité qui est sa nature même.
Quand on la presse, elle dégorge ce qu’elle a bu.
Elle exprime ses fluides.
Un créateur est une sorte d’éponge placée dans
un milieu spécifique. Son intense sensibilité fait
qu’il « boit », absorbe ce milieu, le laisse l’habiter,
le prendre, le hanter autant que lui-même l’habite
dans un échange qui n’est pas toujours conscient
ou volontaire. Ensuite, au moment de créer, tout
ce qui s’est déposé en lui s’exprime, sort de ses
tripes, est rendu, coloré par son rapport au monde
et par le filtre qu’est sa sensibilité artistique.
Exprimer : le bon, le mauvais, le doux, l’insupportable,
l’amer, le délicieux, l’obsédant,
l’apaisant, le provocant, le réconfortant, le consolant,
le choquant, le séduisant, l’agressant. Dire
et teinter son propos par son style, sa personnalité,
sa manière de voir. Qui on est.
Sans être un créateur, toute personne normalement
constituée doit exprimer quelque
chose à un moment ou à un autre de sa vie. Il y
a ceux qui explosent une seule fois et qui en sont
soudain considérés comme le contraire de ce
que leurs proches croyaient. Il y a ceux qui en
disent tant, en expriment tant qu’on n’arrive
plus à saisir leur nature profonde. Et il y a toutes
les gradations possibles entre ces deux pôles.
Une chose est certaine : pour exprimer, il faut
être. Les absents, les engourdis, les endormis,
les terrés au fond d’eux-mêmes n’expriment
que cette barrière, cet empêchement ou cette
impossibilité d’être.
Comment exprimer si l’éponge demeure
parfaitement scellée dans son emballage ?