Résumé
Prix Richard-Arès 1998
• Pourquoi les élites fédéralistes québécoises font-elles tant de Jean Charest leur bouée de sauvetage ? Une démonstration percutante de la stratégie des fédéralistes pour contrer le projet souverainiste et qui s’appuie sur un principe emprunté à l’histoire : l’Indirect Rule. Un essai qui risque fort de faire beaucoup de bruit.
• Un livre de la collection «Débats» sur les grands enjeux politiques du Québec. Une collection en collaboration avec le Programme d’études sur le Québec dirigée par Alain-G. Gagnon.
Lorsque Jean Charest laissait récemment entendre que la «générosité» du Canada anglais avait permis à la collectivité québécoise de préserver sa langue et sa culture, il amenait de l’eau au moulin de Claude Bariteau. Il aurait voulu illustrer plus clairement la thèse que l’auteur développe dans Québec : 18 septembre 2001 qu’il ne s’y serait pas pris autrement.
Le livre de Claude Bariteau n’est pas qu’un livre de plus sur la question de la souveraineté. Le point de vue qui y est développé a malheureusement été trop longtemps ignoré dans les discussions sur le projet souverainiste. Claude Bariteau fonde l’argumentation de son essai sur le concept de l’Indirect Rule (arriver à gérer une population conquise en lui permettant de conserver ce qu’elle a de plus précieux : sa langue et sa culture). L’auteur démontre clairement que le discours des élites fédéralistes québécoises se réclame sans cesse de cet «alibi» pour contrer le projet souverainiste; Jean Charest n’étant, tout compte fait, que le plus récent porte-parole de cet incontournable argument.
Comment peut-on revendiquer une forme d’autonomie dans le but de préserver ce qui ne nous a pas été contesté ? Plusieurs insisteront même pour dire que, au contraire, la langue et la culture québécoises francophones n’ont jamais été aussi bien portantes!
C’est là précisément qu’une conception civique et véritablement sociale-démocrate du projet souverainiste trouve toute sa grandeur, un projet qui, sans nier l’importance des dimensions linguistiques et culturelles, ose faire du rêve québécois le rêve de tous les Québécois et non seulement celui de sa majorité linguistique.
Dans ce livre, où l’option avouée de l’auteur n’atténue en rien la scientificité et la rigueur de la démarche, Claude Bariteau explique l’urgence d’un projet souverainiste moderne et délesté de ses tenants traditionnels. Il y révèle également ce qui justifie cette démarche d’affirmation nationale dans le cadre de la mondialisation en cours.
Claude Bariteau
Claude Bariteau est anthropologue. Détenteur d’un doctorat de l’Université McGill, il est professeur titulaire au...
Claude Bariteau est anthropologue. Détenteur d’un doctorat de l’Université McGill, il est professeur titulaire au département d’anthropologie de...
Claude Bariteau est anthropologue. Détenteur d’un doctorat de l’Université McGill, il est professeur titulaire au département d’anthropologie de l’Université Laval depuis 1976....
Claude Bariteau est anthropologue. Détenteur d’un doctorat de l’Université McGill, il est professeur titulaire au département d’anthropologie de l’Université Laval depuis 1976. Professeur engagé, il publie régulièrement ses réflexions sur le Québec dans Le Devoir, La Presse, Le Soleil et L’Action nationale.
Claude Bariteau est anthropologue. Détenteur d’un doctorat de l’Université McGill, il est professeur titulaire au département d’anthropologie de l’Université Laval depuis 1976. Professeur engagé, il publie régulièrement ses réflexions sur le Québec dans Le Devoir, La Presse, Le Soleil et L’Action nationale.
Claude Bariteau est anthropologue. Détenteur d’un doctorat de l’Université McGill, il est professeur titulaire au département d’anthropologie de l’Université Laval depuis 1976. Professeur engagé, il publie régulièrement ses réflexions sur le Québec dans Le Devoir, La Presse, Le Soleil et L’Action nationale.
Introduction
Le cas québécois est unique en Amérique. Non parce que tous les cas le sont, mais simplement parce qu’il est le produit d’une histoire singulière sur la scène internationale. Cette histoire a été marquée, en 1760, par la prise en charge d’une colonie de la France par l’Angleterre. Il y a peu de cas de colonisation réalisée par deux puissances impériales. Si le cas acadien présente des analogies avec le cas québécois, il demeure cependant différent. Les Acadiens ont été déportés, ce qui a profondément influencé leur présence en Amérique. Dans la plupart des autres cas de colonisation en Amérique, les ressortissants issus des nations colonisatrices se sont affranchis de la mère patrie, comme l’a analysé Benedict Anderson1. La déclaration d’indépendance des treize colonies de la Nouvelle-Angleterre a tracé la voie. Son influence s’est fait sentir sous le règne de Napoléon après la Révolution française de 1789. Entre 1790 et 1835, près de 25 colonies d’Amérique sont devenues des pays souverains qui émergent alors que leurs métropoles respectives sont affaiblies.
En Amérique du Nord, la déclaration d’indépendance, en 1776, des colonies de la Nouvelle-Angleterre força l’Angleterre, empire en pleine croissance, à se replier au Nord et à l’Ouest de ces dernières. À l’Ouest, les Américains exercèrent des pressions, parfois avec la connivence de ressortissants français, sur les troupes britanniques. Au Nord, plusieurs sujets loyaux à la mère patrie choisirent de s’établir dans les colonies britanniques: en Nouvelle-Écosse, à l’Île-du-Prince-Édouard, au Nouveau-Brunswick et dans la province de Québec. Leur arrivée au Québec et celle de nouveaux ressortissants britanniques ne pouvaient que remettre en question les privilèges accordés aux francophones en 1774. C’est ce qui s’est produit avec l’appui du clergé et de l’armée.
L’Acte de Québec fut donc modifié par l’Acte constitutionnel de 1791 créant le Bas-Canada et le Haut-Canada. Cet acte révisa aussi le territoire autochtone et délimita une nouvelle frontière avec les États-Unis d’Amérique. En vertu de cet acte, une Chambre d’assemblée composée d’élus fut créée. Le Conseil législatif, à la solde du Conseil exécutif, détenait cependant un droit de veto. Progressivement, les francophones participèrent à ce nouveau système politique. En 1813, certains d’entre eux s’associèrent à l’armée britannique pour contrer une poussée américaine visant à libérer les colonies du Nord. Peu après, par suite de la révélation des manœuvres auxquelles s’adonnaient des membres du Conseil exécutif, les francophones demandèrent, avec l’appui d’anglophones, que l’Acte de 1791 soit modifié pour rendre électif le Conseil législatif et faire en sorte que les membres du Conseil exécutif rendent des comptes.
Véhiculée par le Parti patriote, cette demande fut acheminée à Londres avec espoir et dans le respect de la monarchie britannique. Elle fut refusée. Ce refus a conduit à la radicalisation de la position des Patriotes. Avec lui, l’admiration pour l’Angleterre s’estompa, comme l’a souligné Yvan Lamonde. Il y eut plutôt une prise de conscience nouvelle de la réalité coloniale du Bas-Canada. Une démarche similaire venant du Haut-Canada connut le même sort. Il s’ensuivit des soulèvements dans ces deux colonies. Au Haut-Canada, ils furent rapidement neutralisés. Au Bas-Canada, les soulèvements furent précédés d’une mobilisation politique sans précédent, nous dit Allan Greer4. Elle donna lieu à l’adoption de 92 résolutions qui guidèrent l’action des élus. La dissolution de la Chambre d’assemblée en 1836 fut suivie des insurrections de 1837 et de 1838.