Résumé
• La première biographie complète d’un artiste qui a marqué l’histoire culturelle du Québec.
• Un roman qui révèle la philosophie de vie bien particulière, voire troublante, d’Yvon Deschamps.
• L’influence du contexte social et politique sur les thèmes abordés par l’un des plus grands humoristes de l’histoire du Québec.
• Une analyse intelligente de ses monologues à travers les différentes étapes de sa vie.
Depuis près de trente ans, Yvon Deschamps choque, trouble, émeut et fait rire le public québécois. Depuis son premier monologue, Les unions, qu’ossa donne?, présenté lors de la création de L’Osstidcho en 1968, Yvon Deschamps n’a jamais pu s’empêcher de provoquer. Sur scène, Yvon Deschamps se sent parfaitement en contrôle. Mais qu’en est-il de l’homme dans la vie de tous les jours? Qu’est-ce qui incite ce dernier, qui se dit fataliste et essentiellement paresseux, à vouloir se dépasser sans cesse?
Claude Paquette, auteur de la biographie Yvon Deschamps, un aventurier fragile, a su mettre en lumière les motivations qui ont amené ce grand artiste à pousser plus loin ses propres limites. Parce qu’Yvon Deschamps n’a pas trouvé cette aisance qui fait qu’on aime la vie pour ce qu’elle est, il veut prendre avantage sur elle en se plaçant délibérément dans des situations précaires.
Il faut que je me mette dans une situation dans laquelle je n’ai pas le choix. Toute ma vie ç’a été comme ça : le Quat’Sous, les restaurants, les spectacles, la télévision et même le manoir. Il faut que je me provoque sans cesse. Toujours. Absolument. C’est la seule façon que j’ai trouvée pour avoir moins de trous noirs, moins de crises existentielles. En me provoquant, j’évite d’être laissé à moi-même parce que je n’ai pas encore trouvé cette aisance qui fait qu’on aime la vie pour ce qu’elle est. Yvon Deschamps, un aventurier fragile tente aussi de comprendre l’évolution collective des Québécois à travers les monologues de cet observateur critique et irrévérencieux de nos valeurs, de nos mentalités et de nos contradictions.
À soixante-deux ans, et après quarante ans de carrière, Yvon Deschamps demeure dans la tête et dans le cœur du public québécois une légende, un symbole, un monument. Pour les humoristes, tous sans exception, Yvon Deschamps est le plus grand : c’est leur idole, leur mentor, le grand Roi de la scène québécoise. En attendant son retour sur scène, découvrons Yvon Deschamps, un aventurier fragile…
Claude Paquette
Auteur, conférencier et chercheur indépendant, Claude Paquette aime connaître ce qui inspire les gens, ce qui les anime....
Auteur, conférencier et chercheur indépendant, Claude Paquette aime connaître ce qui inspire les gens, ce qui les anime. C’est en 1996, alors qu’il...
Auteur, conférencier et chercheur indépendant, Claude Paquette aime connaître ce qui inspire les gens, ce qui les anime. C’est en 1996, alors qu’il termine une étude sur les...
Auteur, conférencier et chercheur indépendant, Claude Paquette aime connaître ce qui inspire les gens, ce qui les anime. C’est en 1996, alors qu’il termine une étude sur les valeurs, les tendances et les avenirs en Occident, qu’il entreprend de rédiger sa première biographie, celle d’Yvon Deschamps. Yvon Deschamps, un aventurier fragile est son vingt-sixième ouvrage.
Auteur, conférencier et chercheur indépendant, Claude Paquette aime connaître ce qui inspire les gens, ce qui les anime. C’est en 1996, alors qu’il termine une étude sur les valeurs, les tendances et les avenirs en Occident, qu’il entreprend de rédiger sa première biographie, celle d’Yvon Deschamps. Yvon Deschamps, un ...
Auteur, conférencier et chercheur indépendant, Claude Paquette aime connaître ce qui inspire les gens, ce qui les anime. C’est en 1996, alors qu’il termine une étude sur les valeurs, les tendances et les avenirs en Occident, qu’il entreprend de rédiger sa première biographie, celle d’Yvon Deschamps. Yvon Deschamps, un aventurier fragile est son vingt-sixième ouvrage.
La folie, c’est de voir le monde tel qu’il est.
Jacques Brel
Les grandes étapes
Une enfance sans histoire à Saint-Henri
Une adolescence plus tumultueuse
La rupture avec l’école
Une vie entre Saint-Henri, Radio-Canada et Westmount
La découverte du théâtre
Des rencontres fondamentales
Un premier mariage
Des réussites et des échecs
L’année 68: une année de transition
La naissance d’une philosophie de vie
Chapitre 1
Le trou noir
Yvon est né le 31 juillet 1935. C’est le jour même de l’anniversaire de naissance de sa mère, qui a alors trente-cinq ans. Anna Leduc et Avila Deschamps se sont mariés le 26 juin 1928. Denis, le premier fils, est né le 14 octobre 1932 et un troisième, Gilles, viendra au monde le 14 avril 1938.
Les Deschamps ne sont pas conformes à l’esprit de l’époque qui glorifie la famille nombreuse. Anna et Avila se sont mariés à un âge relativement avancé. Anna aura tout près de trente-huit ans lorsque naîtra Gilles, le cadet de la famille. Mais il y a aussi le fait que les trois enfants du couple naissent dans l’une des périodes économiques les plus difficiles de l’histoire du Québec et du Canada: la grande dépression des années 30, qui fait suite au jeudi noir du 24 octobre 1929, moment où la Bourse de New York s’est effondrée en entraînant toute l’économie nord-américaine. La misère est telle que, dès 1931, le gouvernement Taschereau adopte une législation prévoyant «l’octroi de secours directs pour l’alimentation, le combustible et le loyer des indigents».
En 1935, Mackenzie King devient premier ministre du Canada. La Banque du Canada est fondée par le gouvernement fédéral. Au Québec, le Parti libéral, sous la direction de Louis-Alexandre Taschereau, est reporté au pouvoir par une faible majorité. On crée la Ligue de la moralité publique pour assainir les mœurs électorales. Maurice Duplessis forme l’Union nationale. Le 17 août de l’année suivante, il prend le pouvoir alors aux mains des libéraux d’Adélard Godbout, qui remplace Taschereau dont le régime a été accusé de corruption par l’enquête du Comité des comptes publics. L’arrivée de Duplessis au pouvoir est perçue comme «une véritable libération pour un peuple exaspéré par la corruption du régime libéral». Mais Duplessis est préoccupé par les ennemis potentiels des Canadiens français. En 1937, il fait voter la loi du cadenas, qui sanctionne «toute personne coupable d’utiliser sa maison pour propager le bolchevisme et le communisme». On ignore alors que ce sont les fascismes hitlérien et mussolinien qui viendront perturber l’histoire occidentale.
Pendant ce temps, la crise économique provoque un taux de chômage de plus de vingt-cinq pour cent, taux officiel calculé uniquement à partir des travailleurs syndiqués. Dans les faits, le nombre de personnes à la recherche d’un emploi est beaucoup plus élevé.
Pour contrer le phénomène, le gouvernement libéral de Taschereau a fait adopter une loi afin de promouvoir la colonisation et le retour à la terre. La crise économique est moins pénible à vivre à la campagne qu’à la ville.
Même si la vie est difficile, les Deschamps ne songent pas à ce retour à la terre. Essentiellement, les Deschamps sont des citadins. Le premier Deschamps est arrivé en Nouvelle-France le 22 septembre 1653 sur le même bateau que Marguerite Bourgeoys et il s’est installé à Montréal. Les Deschamps n’ont aucune parenté vivant «à la campagne ou encore aux États».
Les parents d’Yvon sont des personnes instruites. Sa mère Anna a été secrétaire de notaire jusqu’à son mariage à l’âge de vingt-huit ans. Elle est parfaitement bilingue. Son père Avila est dessinateur industriel et il travaillera pour la firme Marion et Marion jusqu’à la fin des années 40. Il a une douzième année en plus d’avoir fait l’école de dessin en arts graphiques.
Yvon étudie à l’école supérieure Saint-Henri, qui dispense à la fois l’enseignement primaire et l’enseignement secondaire à plus de huit cents élèves. Les filles fréquentent l’école Sainte-Mélanie, tandis que l’école Saint-Henri est réservée aux garçons. Yvon est un premier de classe. Il a de bonnes notes scolaires et il se soumet assez facilement aux règles disciplinaires rigides de l’école, même si elles sont en contradiction avec celles de l’éducation familiale.
Yvon fréquente cette école depuis 1941, moment où la famille Deschamps est revenue à Saint-Henri après quelques années d’exil dans la rue Laurier. Ce déménagement marquait d’ailleurs un retour aux origines, car les six frères et les deux sœurs d’Avila habitaient Saint-Henri. Tous les membres du clan Deschamps se retrouvaient ainsi à quelques rues de distance.