Résumé
Renée Martel est l’une des grandes stars du Québec. Chantant depuis l’enfance avec son père, Marcel Martel, l’un des pionniers du western, elle s’impose dans les années 1960 comme icône de la pop avec les hits Liverpool et Je vais à Londres. Elle reviendra ensuite à ses racines country avec Un amour qui ne veut pas mourir et, en 1983, son album C’est mon histoire lui vaudra un premier Félix. Depuis, la cowgirl dorée accumule les récompenses les plus prestigieuses, et elle a été célébrée par un Félix hommage qui soulignait ses soixante ans de carrière en 2012.
Derrière la star : la femme. Son courage et sa force, sa vulnérabilité et sa fragilité. Elle a mené plusieurs combats dans sa vie. Contre l’alcoolisme, la dépression, contre une grave maladie pulmonaire, un cancer du foie. À l’image du phénix qui renaît de ses cendres, Renée Martel porte sa vie à bout de bras. Comment, jusqu’à quel point sa sensibilité exacerbée fait d’elle l’artiste qu’elle est? La femme et la star, des vases communicants ou pas? C’est le point de départ du Roman de Renée Martel.
Le résultat : un portrait saisissant de Renée Martel. Avec ses contradictions, ses angoisses, ses défis, ses réussites, ses hauts et ses bas. Un portrait qui donne accès à ce qui, malgré le battage médiatique voyeuriste qui l’entoure depuis ses débuts, est demeuré dans l’ombre, inexpliqué, secret. Un portrait d’elle comme si vous étiez tapis dans les coulisses de sa vie.
Danielle Laurin
Danielle Laurin est journaliste littéraire. Elle collabore au journal Le Devoir, au magazine Elle Québec et à la télévision...
Danielle Laurin est journaliste littéraire. Elle collabore au journal Le Devoir, au magazine Elle Québec et à la télévision de Radio-Canada. Parmi les...
Danielle Laurin est journaliste littéraire. Elle collabore au journal Le Devoir, au magazine Elle Québec et à la télévision de Radio-Canada. Parmi les honneurs qui jalonnent son...
Danielle Laurin est journaliste littéraire. Elle collabore au journal Le Devoir, au magazine Elle Québec et à la télévision de Radio-Canada. Parmi les honneurs qui jalonnent son parcours, on compte le prix Judith-Jasmin, le prix du magazine canadien, le Grand Prix des magazines du Québec et le prix Jules-Fournier du Conseil supérieur de la langue française. Elle a fait paraître son...
Danielle Laurin est journaliste littéraire. Elle collabore au journal Le Devoir, au magazine Elle Québec et à la télévision de Radio-Canada. Parmi les honneurs qui jalonnent son parcours, on compte le prix Judith-Jasmin, le prix du magazine canadien, le Grand Prix des magazines du Québec et le prix Jules-Fournier du Conseil...
Danielle Laurin est journaliste littéraire. Elle collabore au journal Le Devoir, au magazine Elle Québec et à la télévision de Radio-Canada. Parmi les honneurs qui jalonnent son parcours, on compte le prix Judith-Jasmin, le prix du magazine canadien, le Grand Prix des magazines du Québec et le prix Jules-Fournier du Conseil supérieur de la langue française. Elle a fait paraître son premier livre...
Le pire, ce soir, ce 17 juillet 2010, à Gaspé, c’est le vide. Le vide laissé par Bruno. Le salaud.
Jean-Guy lui prend le bras en silence, il la guide, la conduit jusqu’en coulisse, talonné par monsieur Henri encombré de ses Garfield et armé d’une lampe de poche.
Jean-Guy la pousse sur scène, littéralement, il lui donne un élan. Y serait-elle arrivée sans ?
C’est parti. Comme une cowgirl dorée, suivie de Je reviens. Le public n’y voit que du feu. Elle se nourrit des applaudissements. Avant d’attaquer de front.
«Aujourd’hui, c’est mon deuxième anniversaire de mariage. Je me suis mariée au pied du rocher Percé. Mais deux mois plus tard, mon mari est décédé. »
Elle dit tout, ou presque.
« Je pense beaucoup à lui ce soir. Je lui dédie le spectacle. J’ai le droit, hein ? »
Sa voix chevrote.
« Je suis une fille très émotive. »
Les larmes lui montent aux yeux. Personne ne bouge. Silence de mort. Puis : « Ça vous tente de passer une belle soirée ? Moi aussi. »
Les musiciens s’agitent derrière elle, ils lancent quelques notes. Elle s’abandonne, elle se donne. Elle se laisse porter. Par le rythme, par l’instant, par le public.
Elle est propulsée. Elle entonne la chanson suivante, Prends ma main dans ta main.
Cette voix chaude, unique. Cette sensibilité exacerbée, ce sourire d’ange, irrésistible. Cette vulnérabilité qu’elle ne cherche pas à camoufler, qu’elle ne peut pas cacher, qu’elle incarne de la tête aux pieds. Cette authenticité.
Quelqu’un dans la salle crie : « On t’aime, Renée ! »
En coulisse, monsieur Henri a laissé tomber ses Garfield et sa lampe de poche pour admirer sa grand-mère et taper des mains. Jean-Guy suit le rythme lui aussi, il chantonne.
Jean-Guy n’est plus le chauffeur, le garde du corps, le directeur de tournée… il est un simple fan. Il est émerveillé. « Elle est née sur scène, c’est là qu’elle est la plus heureuse », glisse-t-il, ému.
C’est tellement évident qu’elle a ça dans la peau, qu’elle a le feu sacré. C’est ce qui la tient, la sauve. C’est son noyau dur. Son destin.
Elle est chez elle, enfin.
Cet échange d’amour avec le public : sa drogue dure.
Elle a en main tous ses moyens. Aucune trace d’égarement. Plus de vide, de fossé, plus de doutes.
La star, la femme : ensemble. Réconciliées. Renée Martel, sur scène, transfigurée.